Noces de coquelicot

Aujourd’hui ça fait neuf ans qu’on est ensemble. Huit qu’on est marié.

On a bien failli ne pas y arriver.

Il y a encore une semaine je me demandais comment j’allais passer cette journée. J’hésitais entre une soirée dans ma robe de mariée à regarder nos vidéos de mariage en vidant la cave à vin ou une soirée avec mes copines pour bruler ma robe de mariée en vidant la cave à vin.

Et je me demande encore pourquoi tu m’appelle l’amie du raisin…

Neuf ans c’est long sans vraiment l’être.

Quand a t’on arrêté de se tenir la main dans la rue? Quand a t’on arrêté de s’embrasser avant l’amour? Quand les « je t’aime » sont ils devenus des automatismes? Quand avons nous commencé à nous construire des carapaces respectives plutôt que de montrer nos failles à l’autre?

On a beau être farfelus et ne jamais rien faire comme tout le monde, on a pas échappé à la routine. On a pas échappé non plus à nos démons et nos parts d’ombre respectives.

Quand on s’est séparé il y a un peu plus de deux mois j’étais incroyablement triste mais aussi un peu soulagée. Je mentirais si je disais que je ne l’avais pas vu venir. C’est même moi qui ai mis le stop final.

On ne s’est pas séparé parce qu’on ne s’aimait plus. Mais parce qu’on ne savait plus s’aimer.

Il y avait encore beaucoup d’amour mais il y avait bien trop de colère et de rancœur pour que l’on puisse continuer à avancer ensemble.

En te quittant ce que je voulais le plus au monde c’était préserver ces presque 9 années à tes côtés. Je voulais qu’elles restent figées dans le temps comme les meilleures de ma vie avant que tout le moche de ces derniers mois ne prenne le dessus et ne pourrisse tout jusqu’à nous faire oublier tout ce qu’il y avait eu de beau et de merveilleux. Et Dieu sait qu’il y en a eu.

On avait toujours dit qu’on continuerait à vivre ensemble pour Maxine si c’était possible. On l’a fait. La maison et le terrain étant assez grands pour qu’on ne se marche pas dessus.

J’ai été la première surprise de constater qu’à la minute où on s’est séparé, on est devenu inséparable.

On a attaqué une thérapie, chacun de notre côté.

Petit à petit tout est revenu. La complicité, les fous rires, les bons moments, à deux ou à trois, les envies communes, les projets.

A la fête médiévale il y a trois semaines on aurait dit deux ados en train de tomber amoureux.

Et puis quand on était à deux doigts de se remettre nos alliances, en bons traumatisés de la vie, on a essayé de tout casser une dernière fois. Tous les deux. Chacun de notre côté aussi.

Quand on a passé toute la journée assis sur le banc du jardin à pleurer, à se demander comment on en était arrivé là, à se dire qu’on avait tout perdu alors qu’on avait tout pour être heureux, à imaginer la vie séparés pour de bon et la garde de Maxine une semaine sur deux j’ai ressenti une douleur inimaginable. Depuis neuf ans tu étais mon tout. Soudainement je n’avais plus rien. Je n’étais plus rien.

C’est une drôle de chose l’amour.

Il faut parfois marcher jusqu’au bord du précipice pour se rendre compte qu’on a pas du tout envie de sauter et faire demi tour.

Le lendemain, alors que je venais de te montrer la face la plus sombre de ma personne et que j’étais prête à me jeter dans la rivière, au propre comme au figuré, tu m’as pris dans tes bras et tu as dit les mots les plus beaux que j’ai entendu de toute ma vie. Depuis j’ai envie de semer des coquelicots partout.

Au niveau des ascenseurs émotionnels « les feux de l’amour » et « plus belle la vie » peuvent aller se rhabiller, on les a battu à plates coutures.

J’aimerais célébrer cet anniversaire sans avoir brulé ta chemise et démonté ton armoire à coups de hache la semaine d’avant mais si je suis parfaitement honnête ça m’a fait trop de bien pour que je regrette vraiment, et je pense que c’était nécessaire.

Tout cramer pour repartir sur des bases saines, Léodagan de Carmélide est un grand philosophe.

Alors voilà aujourd’hui ça fait 9 ans qu’on est ensemble et j’espère de tout mon cœur que la prochaine fois qu’on se séparera ce sera parce que l’un de nous deux aura levé les patins. Mais franchement, si on pouvait bricoler un truc pour partir en même temps comme dans le notebook, ça m’arrangerait.

Merci Arnaud pour tous les mots. Ceux de ces dernières années mais surtout ceux de ces derniers jours. Ce que je ne répéterais pas mais qui sont gravés dans ma tête mes oreilles et mon cœur pour toujours. Merci pour ta part d’ombre qui me rassure sur ma propre humanité, merci d’avoir baissé ton bouclier et quitté ton armure et de m’avoir montré tes failles, merci de m’avoir proposé qu’on se les panse respectivement plutôt que de continuer à se les cacher.

Merci mon amour pour ces neuf années. Merci pour tous les bons moments. Merci aussi pour les mauvais et les leçons de vie. Quand on s’aime aussi fort et aussi vite que nous, ça ne peut pas être un long fleuve tranquille. Et c’est pas plus mal, je suis sûre qu’on trouverait ça chiant.

Merci pour Maxine, le petit thermomètre émotionnel de la maison, qui avait compris bien avant nous que ça n’allait plus mais qui nous a aussi donné une raison de plus de se battre, chacun de notre côté puis ensemble, pour que tout aille mieux. Son rire de lutin à chaque fois qu’elle dit « vous êtes redevenus des amoureux » est un des plus beaux que j’ai entendu depuis qu’elle sait rire.

Merci de m’aimer, comme je suis, même quand je ne suis pas très aimable, même quand je ne m’aime plus du tout.

Pour tout le reste…

Personne n’a jamais dit que ce serait facile.

D’ailleurs on nous a prévenu. Trois fois.

Pour le meilleur et pour le pire . On a promis. A l’adjoint du maire qui était bourré, au sosie d’Elvis qui était presque trop gros pour le job et à mon cousin diacre qui n’était ni bourré ni trop gros mais qui nous a permis de nous marier où personne ne l’avait encore fait.

D’ailleurs, ça fait longtemps qu’on s’est pas marié… Ou est ce qu’on va qu’est ce qu’on fait? (Oui je cite du Bengous, je dois être saoule d’amour…)

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