Premier décembre. Je suis excitée comme une puce. Je vais acheter le sapin (j’ai dit à Arnaud que c’est moi qui y allait comme ça je vais pouvoir prendre le plus grand du magasin), on a bougé tous les meubles du salon pour faire de la place, j’ai fait du vin chaud, j’ai mis mon pull de noël, celui avec un renne, j’ai habillé Maxine en lutin, j’ai préparé une liste de films de noël à regarder, un par jour jusqu’au 24 et cette année j’ai un nouveau disque de chants de noël pour ma platine, je saute partout.
J’ai toujours adoré noël. Je sais pas trop pourquoi. C’est pas spécialement les cadeaux. C’est plutôt parce qu’on est en famille et que pour une fois tout le monde est gentil avec tout le monde, à peu près. Et en plus c’est l’anniversaire du petit Jésus, et moi, j’aime beaucoup le petit Jésus.
Pendant très longtemps on a fait noël en famille chez ma maman, jamais le 24 ou le 25 mais un jour de la semaine où tout le monde était disponible. C’était chouette y’avait toute la famille, mon pépé adoré, mon oncle et ma tante, mes cousines et leurs maris puis leurs enfants. Mon grand père fumait un cigarillo exceptionnellement et l’après midi tout le monde faisait une belote, ils ont passé 15 ans à essayer de m’apprendre, sans succès. Puis quand mon grand père est mort maman n’a pas eu envie d’organiser noël. Et on a été invitées nulle part. Cette année là on a fait noël que toutes les deux mais c’était chouette aussi. Depuis on ne fait plus noël en famille mais ça ne m’a pas enlevé ma joie. Au contraire, on fait en petit comité devant la cheminée, c’est toujours de bons moments et moins de stress pour tout préparer, et soyons très honnête, c’est plus facile d’être gentille avec tout le monde quand on est que deux, ou quand on choisit sa famille. Et on la choisit plus facilement quand on se rend compte que toutes les années ou j’étais chez mon père pour noël personne n’a eu l’idée d’inviter maman à réveillonner. Heureusement qu’on a des amis. Beaucoup d’amis. Bref.
Cette année en plus c’est le premier noël de ma fille. Bien entendu elle, elle en a absolument rien à foutre. Mais moi je suis au top de ma vie. J’espère que je vais la contaminer avec la magie de noël.
Ça fait un peu plus d’un mois qu’Arnaud est retourné travailler, je crois qu’on a à peu près trouvé notre rythme. Je suis toujours très fatiguée parce que Maxine ne fait pas ses nuits mais il parait qu’avec l’allaitement c’est normal. Arnaud a l’air plus à l’aise dans son rôle de papa, il lui chante plein de chansons qu’il compose lui même (c’est à mourir de rire des fois), il lui fait plein de câlins, comme je tire mon lait il lui donne parfois le biberon et j’ai un peu plus de temps pour moi. Je suis même sortie un soir avec mes copines. J’ai dansé et bu des bières, pendant quelques heures je n’étais pas que maman et c’était trop bien.( Et avec trois bières j’étais beurrée, merci la maternité, je ne coûte plus cher, c’est hyper rentable!). Il faut dire aussi que c’est un peu plus sympa maintenant, Maxine commence à faire des trucs, elle sourit, elle tire la langue, elle fait des bruits qui ne sont pas systématiquement des pleurs (merci mon Dieu), elle attrape des trucs (les cheveux, les poils de barbe, les boucles d’oreille…), bref, y’a un peu de retour dans la relation et c’est chouette. Du coup elle a moins besoin de moi et c’est agréable, je crois, je me sens un peu libérée (et bien sûr tout de suite après je m’en veux, sinon ce serait trop positif).
Le premier weekend de décembre c’est le repas de noël du boulot d’Arnaud. Ma copine Stassie nous garde Maxine, on la laisse toute la nuit. Pour la première fois. Y’a une moitié de moi qui est trop contente et l’autre moitié qui flippe sa mère.
J’ai choisi ma robe depuis longtemps, je me suis même acheté un manteau de pinup pour aller avec, j’ai prévu un super chignon et je compte mettre tout le maquillage que je possède. Et des talons aiguilles. Et du vernis sur mes doigts ET mes orteils. Et un soutien gorge qui n’est pas un soutif d’allaitement moche. Ça va être trop bien!
Pour vous la faire courte, la moitié de moi qui flippait avait les mains qui tremblaient et n’arrivait pas à faire son chignon et elle a aussi dû boire deux flûtes de pétillant avant de pouvoir quitter la maison et elle a fumé un demi paquet de clopes avant même d’être arrivée au repas tellement elle culpabilisait de laisser sa fille d’à peine deux mois. Du coup la moitié de moi qui était trop contente s’est jeté sur le mojito à volonté (quelle bonne idée de faire un open bar avec du mojito…) pour faire taire son autre moitié et c’est comme ça que je me suis faite deux entorses des chevilles. En gros. Mais c’était vachement bien. On a passé une super soirée, on a vu du monde, j’ai parlé d’autre chose que de couches et d’allaitements, j’ai dansé, beaucoup, j’ai bu, encore plus, et pour une soirée on était à nouveaux des amoureux et pas juste des parents, c’était génial. (le lendemain j’ai demandé pardon à Maxine 1534 fois, à peu prés).
Pendant tout le mois de décembre j’ai eu l’impression que tout allait bien parce que j’arrivais à me détacher un peu de Maxine, parce qu’elle investissait plus la relation avec son papa (et vice versa), parce que quand on s’engueulait avec Arnaud on arrivait à bien en parler et à arranger les choses très vite. J’étais un peu triste qu’il ai dû passer toute sa semaine de congés à finir sa VAE et du coup on l’avait pas beaucoup vu, on avait pas trop profité mais je me disais que c’était pour la bonne cause, on aurait bien du temps après.
On a fêté noël chez ma mère le 16 avec mon parrain et l’oncle et la tante d’Arnaud, c’était trop génial, on a passé une super journée. Maxine a eu toute la collection des Martine et j’ai recommencé à nourrir mes fantasmes de bébé vintage.
Il me semblait que tout allait bien, à part la fatigue, j’espérais juste qu’il neigerait pour Noël…