Ça y’est, c’est Noël.

Il a pas neigé mais c’est pas grave.

Je suis hyper prête.

J’ai même réussi à faire une photo de Maxine avec le père Noël. Il a juste fallu aller à deux marchés de Noël différents . Elle a pas pleuré, elle a pas fait d’explosion de caca dans sa jolie robe qui m’a coûté un œil (proportionnellement à la taille, la qualité et le fait qu’elle la remettra jamais), elle a pas agrippé la barbe du père Noël, tout le monde a dit qu’elle était mignonne, tout le monde s’est émerveillé de voir un bébé roux, elle en avait rien à foutre mais moi j’étais au top de ma vie.

Le 24 on est chez nous. Premier Noël tous les trois. C’était vraiment super. On le fait le midi pour pas être trop fatigués le lendemain. On a mis des beaux habits, on a fait un feu dans la cheminée, on a mangé un bon repas, on a bu une bouteille de bubulles et l’après midi j’ai mis mon pyjama en flanelle pour regarder les DVDs qu’Arnaud m’avait offert en faisant des calinous en famille. Arnaud a même fait semblant de s’intéresser au film Mamma Mia et j’ai eu le droit de regarder les deux, d’affilée. Et il a rien dit quand j’ai chanté, il a même fait semblant de pas m’entendre je crois (vraie preuve d’un amour sincère et aveugle. Et un peu sourd aussi). Au top.

Le 25 c’est chez les parents d’Arnaud. On a mis des beaux habits aussi. Maxine a remis sa petite robe de mère Noël (elle m’a coûté 15 balles, je la rentabilise!). Toute la famille sera là, ça va être chouette parce que c’est la deuxième fois que Maxine voit son cousin et sa cousine et déjà la première fois ils avaient été trop mignons avec elle. Il n’y a qu’un an d’écart entre chaque, je suis contente parce que comme elle va être enfant unique c’est bien d’avoir des cousins de son âge, surtout si ils s’entendent bien.

On a bien dit qu’on voulait pas que Maxine soit couverte de cadeaux, un par personne maxi. On nous a répondu « promis ».

Comprenez bien, on est pas des parents fouettards seulement on pense que:

• Elle a trois mois, elle en a rien à foutre.
• Elle a même pas l’âge de jouer avec le bolduc.
• On s’évertue à limiter notre empreinte carbone, c’est pas pour exploser le score en fin d’année.
• On est quand même vachement anti-consumérisme.
• On fait partie des gens qui pensent qu’on peut très bien montrer au gens qu’on les aime sans dépenser une blinde. Et on s’y applique. (Moi par exemple, de tous les cadeaux qu’Arnaud m’a fait en 5 ans et demi mon préféré c’est l’année où on avait pas trop de sous et qu’on s’était limité le budget, il m’a fabriqué une poule en pâte à sel pour ma collection. Avec ses petites mains. Il l’a peinte et tout. C’est la plus belle poule que j’ai jamais vu de toute ma vie, et je viens de la campagne, les poules je connais!)
• On ne veut pas que Maxine soit pourrie gâtée. (Et comme elle va être enfant unique on va lui sortir à toutes les sauces qu’elle l’est de toutes façons, je le sais je l’ai vécu, donc je veux vraiment pas qu’elle le soit).
• On a la chance d’être très entourés donc même si tout le monde ne fait qu’un seul cadeau ben ça en fait déjà beaucoup. Et on a une toute petite maison.

Et en plus pour finir d’être pénibles on ne veut pas de jouets à piles, pas de jouets en plastique, pas de trucs qui servent à rien, pas de trucs à la mode. Bref, le bon couple d’écolos pénibles avec des convictions et des idées bien arrêtés. Je dis pénibles, c’est pour les autres, nous ça va, on le vit très bien.

Par exemple nous pour Noël on lui a offert une arche d’activités en bois issu de forêts eco-responsables, produit et fabriqué en Europe (tout le monde sait très bien que les lutins du père Noël, en vrai, c’est des petits chinois payés au lance pierre, on veut pas les faire travailler), le tout emballé dans un emballage en carton recyclé. (Oui on est extrémistes et alors? Si on veut sauver la planète faut se sortir un peu les doigts les gens.)

Voilà donc autant vous dire que quand je me suis retrouvée assise dans le salon avec Maxine au sein et plus assez de bras pour ouvrir la montagne de cadeaux (alors que y’avait mon bras gauche, les deux bras d’Arnaud et les quatre des petits qu’on avait embauchés pour nous aider) je me suis pas sentie hyper bien.

Je me suis pas mise en colère. D’abord parce que j’étais sous le choc. Ensuite parce que je suis polie. Et aussi un peu à cause de ce putain d’esprit de Noël qui dit qu’il faut être gentil. (D’ailleurs si je peux me permettre, la grand mère d’Arnaud a pas dû avoir le mémo, elle a fini de m’achever en me disant pour la cinquième fois que, vraiment, non, elle n’aurait jamais pensé que son petit fils se marierait, avec moi en plus, alors qu’il avait eu tant de belles filles avant…)

En fait j’étais juste hyper triste. On ne respectait pas nos valeurs et les principes d’éducation qu’on a choisi pour notre fille. On nous avait promis et on avait pas tenu la promesse. Et moi j’accorde beaucoup d’importance aux promesses. Et aux valeurs. Et à Noël.

A la clope on s’est dit avec Arnaud que si l’année prochaine le deal d’un cadeau par personne n’était pas respecté on dirait à Maxine de choisir UN cadeau et de donner les autres aux petits lutins pour qu’il les donne aux enfants pauvres (on va attendre un peu pour lui expliquer que ce sont eux qui les fabrique, extrémistes oui, briseurs de rêves non.).

J’avais juste très très très envie de pleurer. Mais je l’ai pas fait. Jusqu’à ce qu’on remonte dans la voiture. Pendant 30 kilomètres.

Mais quand on est arrivés à la maison on a allumé la cheminée, Arnaud m’a fait un thé, Maxine m’a fait un câlin (c’est marrant, elle me fait toujours des gros câlins quand je suis triste), on a regardé le père Noël est une ordure. On était tous les trois, on était heureux, c’était bien. Et c’est tout ce qui importait.