Journal d’un confinement heureux

Je me suis dit que plutôt que de m’énerver après les connards qui stockent des pâtes et ceux qui sortent en terrasse jusqu’à la dernière minute avant le confinement j’allais essayer d’adopter un style plus positif.

Alors voilà il fallait bien que ça arrive, entre la mondialisation et la désobéissance des idiots, on est confinés.

Enfin je dis « on ».

Arnaud et moi pas tout à fait. Il est aide soignant, pour le moment il est en congés mais mobilisable si besoin, et moi je travaille toujours, parce qu’on en parle moins mais les travailleurs sociaux ont aussi des obligations (voilà, c’était le moment Caliméro).

Par contre Maxine elle n’a plus de crèche.

Alors comme on est, depuis un petit moment maintenant, tous les deux à temps partiel et Maxine n’allant que très peu à la crèche de toute façon, normalement on ne fait pas partie des gens qui vont découvrir leur moitié et leurs enfants à la faveur du confinement risquant ainsi le divorce, le meurtre ou la décompensation psychologique (je touche du bois, je jette du sel par dessus mon épaule et je bois une gorgée d’eau de Lourdes).

Comme on est pas des aliénés de la consommation ben ça change pas énormément nos habitudes de tous les jours que tout soit fermé.

Et comme la majorité de nos amis sont loin ben ça change pas non plus grand chose de pas pouvoir les voir.

En fait pour nous le confinement c’est un peu comme d’habitude avec juste le laisser passer en plus et pas de système de garde.

Je me suis quand même dit que je pourrais en profiter pour écrire plus souvent et vous raconter le confinement de mon point de vue. Le confinement heureux.

Alors oui, c’est sûr que si j’habitais avec 5 collocs dans un 50 mètres carrés à Paris je le prendrais autrement, mais moi je vis dans un petit village de Lozère avec un grand jardin, le confinement je le vis bien. (Oui je sais on est qu’au premier jour).

Oui les comportements de mes concitoyens m’ont rendu dingue de colère et de honte ces derniers jours mais je me raccroche aux petits gestes d’entraide que j’ai vu plutôt qu’à l’image des voleurs de pâtes et de PQ (mais quand même au magasin je regarde vite fait les caddies et quand j’en vois un de connard je mémorise son visage, en cas d’effondrement même pas je le dépanne d’une botte de carottes!).

Oui ce matin j’ai dû faire 15 minutes de queue pour 1 kilo de sucre et j’ai carrément renoncé à aller chercher du pain et passer à la pharmacie tellement les queues étaient longues aussi mais je me dit que, pour quelqu’un qui a toujours rêvé de vivre dans le passé, c’est chouette de pouvoir expérimenter 1940 le temps d’un instant, les tickets de rationnement en moins et l’assistance électrique sur le vélo en plus.

Je n’ai pas besoin de paniquer à l’idée de manquer de PQ parce qu’étant dans le zéro déchet on est équipés en lavable si cette denrée venait à manquer (mais quand même je me demande vraiment où va l’intelligence du monde qui refuse d’entendre parler de gant de toilette, en cas d’effondrement y’en a qui sont vraiment dans la merde, au propre et au figuré. Et sans parler d’effondrement, en cas d’hospitalisation, ou de maison de retraite. Profitons donc de ce temps de réflexion pour revoir nos représentations respectives, d’avance merci.).

Je n’ai pas paniqué devant les rayons de pâtes vides. Étant décroissants et plus ou moins toujours en attente de l’effondrement on a ce qu’il faut. Pas pour nourrir 20 personnes pendant six mois (parce que dans la décroissance on t’invite à la raison) mais assez pour notre famille de trois le temps du confinement. Et du coup ça fait hyper plaisir de pas faire partie des connards qui organisent, sans s’en rendre compte (parce qu’en plus ils sont cons), les ruptures de stock.

Du coup, moi, aujourd’hui j’ai fait un tour de vélo électrique pour aller chercher du sucre et déposer des papiers chez le notaire, j’ai fait un rapide tour du dernier marché avant je sais pas quand, j’ai lu la moitié d’un livre que je veux lire depuis des plombes, j’ai scié une demi souche, j’ai mangé avec mon homme et ma fille un délicieux repas qu’ils avaient fait ensemble, quand elle a été couchée on a bu une bière dans le jardin parce qu’on avait un truc à fêter, j’ai regardé mon homme scier une souche (la même que moi ce matin, c’est vraiment la galère, mais comment faisaient nos ancêtres?!) en écoutant les oiseaux, j’ai regardé une abeille butiner du myosotis entre mes baskets (en me disant que c’est encore tôt dans la saison mais que quand même c’est mignon), j’ai fait une grattouille à mes moutons, j’ai fait une sieste de 4 heures parce que je travaille cette nuit, j’ai fait mangé ma fille, j’ai pris un fou rire avec mon homme parce que Maxine tente des actions de subtilisation de nourriture dans le frigo (c’est vraiment très rigolo mais en ce moment on peut pas se le permettre) et je suis partie travailler.

Et c’était bien.

Je suis d’accord avec Manu (et franchement psychologiquement j’étais pas prête) quand il dit qu’on devrait profiter de ce confinement pour revenir à l’essentiel.

J’espère (mais j’en doute, c’est Manu quand même) qu’il ne nous raconte pas une grosse saucisse quand il dit que le jour d’après ne sera pas comme celui d’avant.

Je croise les doigts pour que ce confinement fasse prendre un peu conscience aux gens de ce qui compte vraiment.

Je me concentre sur la pensée positive pour que tout le monde vive un confinement heureux.

Et je vous fait des bisous. De loin et virtuellement.

2 commentaires

  1. Bonsoir.
    Pour..
    Je me suis dit que plutôt que de m’énerver après les connards qui stockent des pâtes et ceux qui sortent en terrasse jusqu’à la dernière minute avant le confinement j’allais essayer d’adopter un style plus positif.
    Alors voilà il fallait bien que ça arrive, entre la mondialisation et la désobéissance des idiots, on est confinés.
    Vous avez raison et je suis entièrement d’accord avec vous.
    Voici d’ailleurs ma réponse, en guise de commentaire(sous mon pseudo..janusdot57..), pour cela, et chez un ami au Japon:
    https://inaca.me/2020/03/16/en-ces-temps-incertains/#comments
    J’ai également déposé des points de vues chez une autre personne:
    https://lejardindenell.blog/2020/03/16/lenclos-des-poules/
    (toujours sous mon pseudo..janusdot57..)
    Il n’y a pas besoin de reprendre Mr. Pierre Rahbi , pour cela..
    La sobriété heureuse et la solidarité, avec nos enfants, mais également avec les autres, nos amis, la famille, les voisins, etc..
    Pour cela, plutôt que de chercher à s’isoler, il va falloir se tourner vers le dialogue et..les échanges, mais, surtout aussi..apprendre, et sinon..réapprendre à vivre ensemble, avec les autres, et non pas l’un contre l’autre ou le chacun pour soi..prôné par la capitalisme « mortifère » et le productivisme aigu tout comme consommation et consumérisme à outrance..
    Vous avez raison, et vous avez raison, tous les deux, pour votre choix, et choix de vie, bonne continuation, dans vos aspirations et désirs, respectueusement..Denis.

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